Dessin de Guina par Marek
Voici une photo de Guina et de Tereska en 1922.
Tereska et ses parents Marek et Guina avec Samuel à droite, en 1924 à Paris
A Zgierz, Tereska avec Zosia et son mari.
Quand survient la guerre en Septembre 1939, malgré sa conversion au christianisme, son père Marek Szwarc déclare que «en tant que Juif je dois me battre contre Hitler" et cherche à s’enrôler dans la force polonaise créée au sein de l'armée française.
Voici une aquarelle du studio de Marek à la cité des Fleurs par Eli Levin:
Extrait du journal de Tereska (Une Française Libre) du 19 Juin 1940:
Extrait du journal de Tereska du 27 Juin 1940:
Voici une photo prise à Figueira da Foz en Juillet 1940 qui montre un groupe de personnes qui ont toutes obtenu un visa Sousa Mendes (Tereska est la quatrième personne à partir de la gauche):
Trois semaines plus tard, Georges rentre en France avec les Forces françaises libres. En Octobre de la même année, peu après la libération de Paris, il est tué sur le front d'Alsace dans la bataille pour la libération de la France. Quatre mois après sa mort, la fille du couple, Dominique, était né.
Extrait du journal de Tereska du 24 Octobre 1944:
En 1970, Meyer et Tereska s’envolent vers Addis-Abeba, et parviennent dans la région de Gondar en Ethiopie afin de documenter la vie des Falashas, descendants de Juifs éthiopiens qui se sont convertis au christianisme. Ils y passent environ 10 jours dans un village isolé dans les montagnes.
En 1984, trois ans après la mort de Meyer Levin, Tereska retourne en Ethiopie et travaille clandestinement à l'immigration des Falashas.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2012/10/02/tereska-torres-une-francaise-libre_1768689_3382.html
Tereska Torrès, une Française libre
Morte le 20 septembre à 92 ans, Tereska Torrès fut une des toutes premières à s'engager dans le "corps des volontaires françaises" auprès du général de Gaulle, et l'une des plus brillantes chroniqueuses de cette histoire.
Elles furent environ 400 au total. Quatre cents femmes qui, durant la guerre, intégrèrent le "corps des volontaires françaises" placé sous l'autorité du général de Gaulle. Parmi celles-ci, Tereska Torrès, morte le 20 septembre à 92 ans, occupe une place à part. Parce qu'elle fut l'une des toutes premières à s'engager dans l'aventure. Parce qu'elle fut, aussi, l'une des plus brillantes chroniqueuses d'une histoire qui reste somme toute assez peu connue.
Cette histoire commence le 7 novembre 1940. Ce jour-là, le général de Gaulle, avec l'accord de l'état-major britannique, crée le "corps féminin des volontaires françaises". Ce faisant, il a deux objectifs. Le premier est d'éviter que les femmes désireuses de combattre à ses côtés, faute de formations qui leur soient réservées au sein de la France libre, ne s'enrôlent dans le Women Military Service de l'armée britannique. Le second est d'affecter un maximum d'hommes aux forces proprement combattantes de l'armée qu'il est en train de constituer. Et donc de les remplacer par des femmes à des postes comme ceux de secrétaires, de standardistes, de plantons ou de chauffeurs.
VIE DE CASERNE À LONDRES
Ce "corps féminin des volontaires françaises", Tereska est l'une des toutes premières à le rejoindre. Dès le 20 novembre 1940, un mois à peine après avoir rejoint Londres via le Portugal et Gibraltar, elle a rendez-vous avec celle à qui le général de Gaulle en a confié le commandement : Simone Mathieu (1908-1980), l'une des plus grandes championnes de tennis de l'époque, vainqueur de Roland Garros en 1938 et 1939. L'entretien est une pure formalité, car la jeune femme remplit la seule condition nécessaire pour être admise : être française, ce qui est le cas puisqu'elle est née le 3 septembre 1920 à Paris où ses parents, un couple d'artistes juifs polonais convertis au catholicisme, se sont installés à la fin de la première guerre mondiale.
A tout juste 20 ans, celle qui encore quelques mois plus tôt préparait son baccalauréat dans un pensionnat catholique à Paris se retrouve donc à mener une vie de caserne à Londres. Cette vie, elle la consignera jour après jour dans de petits carnets. Elle y raconte ce qu'elle y fait, d'abord comme simple planton à l'entrée de sa caserne, puis au service de presse et d'information de la France libre, enfin à la section du courrier militaire du Bureau central de renseignement et d'action (BCRA), les services secrets du général de Gaulle. Elle y dépeint ceux qu'elle croise, et qui ont pour nom Charles de Gaulle ou Maurice Schumann. Elle y confie aussi ce qui ne se dit guère, en l'occurrence les amours entre femmes qui se nouent dans le huis clos des dortoirs.
LES "DEMOISELLES DE GAULLE"
Paru sous le titre Une Française libre (éd. Phébus, 2000), ce journal est sans doute l'un des récits les plus captivants de ce que fut, au quotidien, la vie de celles que l'on appelait alors les "demoiselles de Gaulle". Chronique sans complaisance d'un univers où l'héroïsme côtoie la petitesse, c'est aussi le formidable récit d'apprentissage d'une jeune femme qui devient adulte à marche forcée, comme elle le confie le 1er novembre 1941 : "L'année dernière, j'étais encore cette innocente petite fille qui rêvait de l'armée. En un an, j'ai connu la séparation, la solitude, la vulgarité, l'amour, le vice, l'alcool, dans une atmosphère de bombardements, de mort, de nerfs surtendus, de fatigue, de solitude morale et religieuse."
Ces années de guerre, pour la jeune femme, seront aussi celles du mariage, du veuvage et de la maternité. En 1943, elle fait la rencontre, au "petit club français" de Londres, d'un certain Georges Torrès, dont le père, Henry, est l'un des plus célèbres avocats de l'époque, et dont la mère, Jeanne, partage la vie de Léon Blum. Elle l'épouse le 24 mai 1944 et tombe rapidement enceinte. Née en février 1945, sa fille Dominique, aujourd'hui réalisatrice de documentaires, ne connaîtra pas son père : parti servir dans la 2e DB du général Leclerc, celui-ci est mort au combat quatre mois avant sa naissance.
Tereska, de son côté, se remariera en 1948 avec Meyer Levin (1905-1981), un écrivain américain de quinze ans son aîné qu'elle avait connu chez ses parents et dont elle aura deux fils. Avec lui, elle vivra de longues années à l'étranger, aux Etats-Unis puis en Israël, avant de se réinstaller définitivement dans l'atelier parisien du 13e arrondissement où elle avait vécu avec ses parents. Elle lui consacrera un livre poignant, Les Maisons hantées de Meyer Levin (Phébus, 1991), dans lequel elle raconte l'obsession de son second mari pour Le Journal d'Anne Frank, dont il fut l'un des premiers à reconnaître les qualités littéraires.
LIAISONS HOMOSEXUELLES
Egalement auteur d'un très beau roman qui a pour toile de fond le conflit israélo-palestinien (Les Poupées de cendres, Seuil, 1979), Tereska Torrès reste toutefois connue pour un autre livre : Women's Barracks. Paru en 1951 aux Etats-Unis, ce récit dans lequel elle évoque les liaisons homosexuelles qui pouvaient exister à Londres entre volontaires de la France libre connaîtra un destin singulier. Jugé scandaleux à sa sortie, aujourd'hui porté aux nues par les féministes, vendu à 4 millions d'exemplaires et traduit en une douzaine langues, il n'a été publié en France qu'en 2011 sous le titre Jeunes filles en uniforme (Phébus). Tereska Torrès, qui ne souhaitait absolument pas être cataloguée comme une auteure de "littérature lesbienne", s'y était jusqu'alors refusée.
"Gaulliste, mais pratiquante", comme elle aimait à se définir, cette ardente patriote s'est toujours tenue à distance des milieux "anciens combattants" et n'a jamais goûté les honneurs, allant même jusqu'à refuser la Légion d'honneur. Résistante de la première heure, elle aura été écrivain jusqu'à la dernière : au total, ce sont soixante cahiers de son journal, commencé à l'âge de 9 ans et poursuivi jusqu'au soir de sa vie, qu'elle a envoyés chaque année à l'université de Boston pour y être archivés. Avec une seule exigence : qu'ils ne deviennent accessibles que trente ans après sa mort.
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