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terça-feira, 12 de dezembro de 2023

Tereska Torres




La vie de l'écrivain Tereska Torres, décédée en Septembre 2012 à Paris à l'âge de 92 ans, fut remplie de l'histoire et de personnages intéressants, dont beaucoup ont laissé leur empreinte sur l'art et la politique du 20e siècle.

Tereska est née à Paris en tant Tereska Szwarc, la fille de deux juifs polonais immigrés artistes. Son père, le peintre et sculpteur Marek Szwarc, arrivé en France en 1910 a rejoint La Ruche à Montparnasse, où Chagall, Soutine et Brancusi ont travaillé. Il devint un des artistes les plus connus de  l'École de Paris, avant la Première Guerre mondiale. En 1919, lors d'une visite en Pologne, Marek Szwarc épouse l'écrivain Guina (Eugenia) Pinkus (sur la photo ci-dessus en 1932) et revient à Paris avec elle.

Dessin de Guina par Marek

Voici une photo de Guina et de Tereska en 1922.


Convertis en secret à la foi catholique, ils ont baptisé Tereska.  Alors qu'elle n'avait que six ans, ses parents lui ont demandé de garder le secret de leur conversion, afin de ne pas subir les foudres de leurs familles restées en Pologne.

Tereska et ses parents passaient leurs vacances d'été avec les grands-parents en Pologne. Le secret de leur conversion au christianisme était un fardeau lourd à supporter  pour un enfant si jeune, mais elle a respecté la demande de ses parents. Il était clair pour Marek et Guina que la connaissance de leur conversion serait un coup dur pour leurs familles, et en effet, quand la nouvelle de leur conversion parut dans la presse yiddish, les proches du couple et des amis en Pologne et ailleurs dans le monde ont coupé leurs liens avec les « apostats », ce qui a beaucoup blessé Tereska.

Tereska et ses parents Marek et Guina avec Samuel à droite, en 1924 à Paris

A  Zgierz, Tereska avec Zosia et son mari. 

Tereska a plus tard raconté l'histoire de la conversion et le poids du secret qu'elle a caché dans son livre, en français, "Le Choix" qui parle de son éducation dans des écoles dirigées par des religieuses.
Tereska voulu être un auteur et déjà à l'âge de 17 ans a commencé à chercher un éditeur pour son premier roman. Elle a terminé le travail, intitulé «Le sable et l'écume » au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Quand survient la guerre en Septembre 1939, malgré sa conversion au christianisme, son père Marek Szwarc  déclare que «en tant que Juif je dois me battre contre Hitler" et cherche à s’enrôler dans la force polonaise créée au sein de l'armée française.

Voici Tereska en compagnie de Marek à l'atelier de la Cité des Fleurs (Boulevard Arago):

Voici une aquarelle du studio de Marek à la cité des Fleurs par Eli Levin:

En Juin 1940, Tereska, sa mère et leurs parents cherchent à se rendre en  Grande-Bretagne.  Ils arrivent à Saint-Jean-de-Luz près de la frontière espagnole, et en dépit de la situation Tereska réussi à terminer son baccalauréat à Bayonne.

Extrait du journal de Tereska (Une Française Libre) du 19 Juin 1940:

Extrait du journal de Tereska du 25 Juin 1940:

Le sort de la famille change quand le consul du Portugal dans la ville de Bordeaux, Aristides de Sousa Mendes, décide de défier les ordres du gouvernement Salazar et d’accorder des visas d'entrée au Portugal à tous ceux qui en ont besoin. Un oncle de Tereska (Alexander Szwarc qui se trouvait à Arcachon avec sa famille – son épouse Sonia, et ses enfants Violusia et Georges),  réussi à obtenir les visas d’entrée au Portugal ainsi que les visa de transit via l'Espagne. Ils entrent au Portugal en Juin 1940 et sont dirigés vers Figueira da Foz ou se concentraient à l’époque la plus part des réfugies entrant au Portugal.  Entretemps Marek, qui combattait dans les forces armées polonaise de France, est évacué de la Rochelle par la Royal Navy britannique. et rejoint les Forces Polonaise libres en Ecosse.


Extrait du journal de Tereska du 27 Juin 1940:

Voici une photo prise à Figueira da Foz en Juillet 1940 qui montre un groupe de personnes qui ont toutes obtenu un visa Sousa Mendes (Tereska est la quatrième personne à partir de la gauche):

Tereska à gauche sur la photo, en maillot de bain deux pièces, quelque chose d'impensable à l'époque au Portugal (Figueira da Foz). 

Tereska avec sa cousine Rysia, toutes deux habillées en tenue portugaise.

La Police de Vigilance et Défense de l'Etat lui délivre un "passeport":

Le 15 Juillet 1940, toujours à Figueira da Foz, Tereska reçoit des nouvelles de son père:

Ils restent quelque mois à Figueira da Foz , le temps de trouver un visa et un transport pour l’Angleterre. Le 2 Octobre 1940 Tereska et sa mère arrivent à Lisbonne et sont reçus chez Samuel. Ce 2 Octobre les allemands créaient le ghetto de Varsovie.

Tereska et sa mére  arrivent en Angleterre en Novembre 1940. Tereska, alors âgée de 19 ans, a été parmi les toutes premières jeunes filles à se porter volontaire pour joindre  le Corps féminin des Forces Françaises Libres du général de Gaulle.


Elle racontera plus tard  l'histoire des 400 femmes soldats faisant partie des forces françaises libres. Son livre « Womens Barracks » fut publié  aux États-Unis en anglais en 1950, et a provoqué un scandale car elle y décrivait les relations lesbiennes parmi quelques-unes des membres de l'unité. Au Canada, le livre fut  interdit par un tribunal à Ottawa et en France, il ne fut publié qu'en 2011 sous le titre «Jeunes femmes en uniforme ».

En 1943, elle rencontre un jeune homme nommé Georges Torres, fils d'un avocat juif célèbre, Henri Torres. La mère de Georges, Jeanne, qui a divorcé de son père, était alors la compagne de Léon Blum, le politicien socialiste qui avait été le premier ministre de la France au milieu des années 1930. Jeanne Torres rejoint volontairement Blum quand les nazis l'ont arrêté, et les deux ont été envoyés à Buchenwald. Elle l'a épousé là-bas et après la guerre, ils sont retournés en France.

Tereska épouse Georges en mai 1944 lors d'une cérémonie religieuse dans une église.  

Trois semaines plus tard, Georges rentre en France avec les Forces françaises libres. En Octobre de la même année, peu après la libération de Paris, il est tué sur le front d'Alsace dans la bataille pour la libération de la France. Quatre mois après sa mort, la fille du couple, Dominique, était né.

Extrait du journal de Tereska du 24 Octobre 1944:

À son retour en France après la fin de WW2, Tereska Torres a dû faire face au deuil et la douleur, et aux difficultés financières de l'après-guerre. Sa belle-mère Jeanne et son mari Léon Blum l’aident.  Chez les Blum, elle rencontre à nouveau Meyer Levin, correspondant de guerre en Europe, qui a été parmi les premiers à entrer dans les camps de Buchenwald, Bergen-Belsen et Dachau. Il  l'invite à visiter Port-de-Bouc près de Marseille pour voir de plus près la situation misérable des immigrés clandestins vers la Palestine à bord de l'Exodus.  En fait Tereska connaissait Meyer Levin depuis son enfance. Levin, de 15 ans son aîné, est arrivé en Europe au milieu des années 1920 et a rencontré son père Marek à Montparnasse.  

Marek, le père Tereska, se rend en Pologne porteur d'une lettre signée par Léon Blum dans le but de rechercher et de sauver ceux de sa famille qui auraient put survivre.  A Varsovie, il ne trouva que David Szwarc, neveu de Marek, parce que toute la famille avait péri dans le ghetto.
En 1946, Meyer qui était allé en Palestine pour travailler sur son film "Maison de Mon Père»,  invite Tereska à travailler comme script-girl. 
Elle accepta et vint à Jérusalem avec Dominique. Elle y rencontre des membres de sa famille vivant dans le pays, qui ne lui tiennent plus grief de sa  conversion au christianisme.

A l’invitation de Meyer, Tereska se jeta a corps perdu dans le film "The Illegals" . 
La petite équipe va de lieu en lieu en Europe pendant près d'un an et Tereska y joue  le rôle d'une survivante de l'Holocauste qui revient avec son mari dans une ville en ruines, en Pologne, et qui en raison de sa grossesse décide d'immigrer en Palestine. L'équipage a filmé jour et nuit, dans des conditions difficiles, dans des villages reculés de la Pologne, d’Autriche, avec des passages à travers les Alpes en Italie vers des plages cachées de la Méditerranée, où le groupe de réfugiés espérer monter à bord d'un vaisseau immigrants illégaux. Levin et Tereska montent à bord d'un navire délabré, avec 850 réfugiés le quel comme prévu, est arrêté par les Britanniques. Contre toute attente, Levin et son équipe réussissent à faire sortir clandestinement leurs bobines du film, qu'ils avaient caché dans la salle des machines.  Toute l'équipe du film est arrêtée une fois en Palestine et passe plusieurs jours dans les prisons britanniques. C’est dans ces circonstances que Tereska accepte d’épouser Meyer.

En 1970, Meyer et Tereska s’envolent vers  Addis-Abeba, et parviennent dans  la région de Gondar en Ethiopie afin de documenter la vie des Falashas, descendants de Juifs éthiopiens qui se sont convertis au christianisme. Ils y passent environ 10 jours dans un village isolé dans les montagnes. 

En 1984, trois ans après la mort de Meyer Levin, Tereska retourne en Ethiopie et travaille clandestinement à l'immigration des Falashas. 

En 2000 le journal Le Monde publie un article sur Tereska :

Son dernier livre "Mission Secrète" a été publié seulement quatre mois avant sa mort. Il décrit l'opération de sauvetage des Falashas, une mission à laquelle elle s'est  consacrée avec l'ardeur qui l’a toujours caractérisée.


Tereska décède en 2012 et le journal Le Monde publie cet article:

https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2012/10/02/tereska-torres-une-francaise-libre_1768689_3382.html

Tereska Torrès, une Française libre

Morte le 20 septembre à 92 ans, Tereska Torrès fut une des toutes premières à s'engager dans le "corps des volontaires françaises" auprès du général de Gaulle, et l'une des plus brillantes chroniqueuses de cette histoire. 

Par Thomas Wieder 

Publié le 02 octobre 2012 à 12h23, modifié le 02 octobre 2012 à 12h43

Tereska Torrès à Londres 

Elles furent environ 400 au total. Quatre cents femmes qui, durant la guerre, intégrèrent le "corps des volontaires françaises" placé sous l'autorité du général de Gaulle. Parmi celles-ci, Tereska Torrès, morte le 20 septembre à 92 ans, occupe une place à part. Parce qu'elle fut l'une des toutes premières à s'engager dans l'aventure. Parce qu'elle fut, aussi, l'une des plus brillantes chroniqueuses d'une histoire qui reste somme toute assez peu connue.

Cette histoire commence le 7 novembre 1940. Ce jour-là, le général de Gaulle, avec l'accord de l'état-major britannique, crée le "corps féminin des volontaires françaises". Ce faisant, il a deux objectifs. Le premier est d'éviter que les femmes désireuses de combattre à ses côtés, faute de formations qui leur soient réservées au sein de la France libre, ne s'enrôlent dans le Women Military Service de l'armée britannique. Le second est d'affecter un maximum d'hommes aux forces proprement combattantes de l'armée qu'il est en train de constituer. Et donc de les remplacer par des femmes à des postes comme ceux de secrétaires, de standardistes, de plantons ou de chauffeurs.

VIE DE CASERNE À LONDRES

Ce "corps féminin des volontaires françaises", Tereska est l'une des toutes premières à le rejoindre. Dès le 20 novembre 1940, un mois à peine après avoir rejoint Londres via le Portugal et Gibraltar, elle a rendez-vous avec celle à qui le général de Gaulle en a confié le commandement : Simone Mathieu (1908-1980), l'une des plus grandes championnes de tennis de l'époque, vainqueur de Roland Garros en 1938 et 1939. L'entretien est une pure formalité, car la jeune femme remplit la seule condition nécessaire pour être admise : être française, ce qui est le cas puisqu'elle est née le 3 septembre 1920 à Paris où ses parents, un couple d'artistes juifs polonais convertis au catholicisme, se sont installés à la fin de la première guerre mondiale.

A tout juste 20 ans, celle qui encore quelques mois plus tôt préparait son baccalauréat dans un pensionnat catholique à Paris se retrouve donc à mener une vie de caserne à Londres. Cette vie, elle la consignera jour après jour dans de petits carnets. Elle y raconte ce qu'elle y fait, d'abord comme simple planton à l'entrée de sa caserne, puis au service de presse et d'information de la France libre, enfin à la section du courrier militaire du Bureau central de renseignement et d'action (BCRA), les services secrets du général de Gaulle. Elle y dépeint ceux qu'elle croise, et qui ont pour nom Charles de Gaulle ou Maurice Schumann. Elle y confie aussi ce qui ne se dit guère, en l'occurrence les amours entre femmes qui se nouent dans le huis clos des dortoirs.

LES "DEMOISELLES DE GAULLE"

Paru sous le titre Une Française libre (éd. Phébus, 2000), ce journal est sans doute l'un des récits les plus captivants de ce que fut, au quotidien, la vie de celles que l'on appelait alors les "demoiselles de Gaulle". Chronique sans complaisance d'un univers où l'héroïsme côtoie la petitesse, c'est aussi le formidable récit d'apprentissage d'une jeune femme qui devient adulte à marche forcée, comme elle le confie le 1er novembre 1941 : "L'année dernière, j'étais encore cette innocente petite fille qui rêvait de l'armée. En un an, j'ai connu la séparation, la solitude, la vulgarité, l'amour, le vice, l'alcool, dans une atmosphère de bombardements, de mort, de nerfs surtendus, de fatigue, de solitude morale et religieuse."

Ces années de guerre, pour la jeune femme, seront aussi celles du mariage, du veuvage et de la maternité. En 1943, elle fait la rencontre, au "petit club français" de Londres, d'un certain Georges Torrès, dont le père, Henry, est l'un des plus célèbres avocats de l'époque, et dont la mère, Jeanne, partage la vie de Léon Blum. Elle l'épouse le 24 mai 1944 et tombe rapidement enceinte. Née en février 1945, sa fille Dominique, aujourd'hui réalisatrice de documentaires, ne connaîtra pas son père : parti servir dans la 2e DB du général Leclerc, celui-ci est mort au combat quatre mois avant sa naissance.

Tereska, de son côté, se remariera en 1948 avec Meyer Levin (1905-1981), un écrivain américain de quinze ans son aîné qu'elle avait connu chez ses parents et dont elle aura deux fils. Avec lui, elle vivra de longues années à l'étranger, aux Etats-Unis puis en Israël, avant de se réinstaller définitivement dans l'atelier parisien du 13e arrondissement où elle avait vécu avec ses parents. Elle lui consacrera un livre poignant, Les Maisons hantées de Meyer Levin (Phébus, 1991), dans lequel elle raconte l'obsession de son second mari pour Le Journal d'Anne Frank, dont il fut l'un des premiers à reconnaître les qualités littéraires.

LIAISONS HOMOSEXUELLES

Egalement auteur d'un très beau roman qui a pour toile de fond le conflit israélo-palestinien (Les Poupées de cendres, Seuil, 1979), Tereska Torrès reste toutefois connue pour un autre livre : Women's Barracks. Paru en 1951 aux Etats-Unis, ce récit dans lequel elle évoque les liaisons homosexuelles qui pouvaient exister à Londres entre volontaires de la France libre connaîtra un destin singulier. Jugé scandaleux à sa sortie, aujourd'hui porté aux nues par les féministes, vendu à 4 millions d'exemplaires et traduit en une douzaine langues, il n'a été publié en France qu'en 2011 sous le titre Jeunes filles en uniforme (Phébus). Tereska Torrès, qui ne souhaitait absolument  pas être cataloguée comme une auteure de "littérature lesbienne", s'y était jusqu'alors refusée.

"Gaulliste, mais pratiquante", comme elle aimait à se définir, cette ardente patriote s'est toujours tenue à distance des milieux "anciens combattants" et n'a jamais goûté les honneurs, allant même jusqu'à refuser la Légion d'honneur. Résistante de la première heure, elle aura été écrivain jusqu'à la dernière : au total, ce sont soixante cahiers de son journal, commencé à l'âge de 9 ans et poursuivi jusqu'au soir de sa vie, qu'elle a envoyés chaque année à l'université de Boston pour y être archivés. Avec une seule exigence : qu'ils ne deviennent accessibles que trente ans après sa mort.

Pour prolonger la connaissance de la vie de Tereska voir le site wikipedia


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