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sexta-feira, 5 de janeiro de 2024

Coup Dur sur le Rio-De-Oro --extrait du livre TVB de Pierre Viré


Coup dur sur le Rio-de-Oro 

extrait du livre TVB de Pierre Viré

Dimanche, 25 février 1934, 23 h. 30 : de Paris à Dakar, c'est dans tous les postes d'Air-France, la calme vigilance des nuits de courrier d'Amérique : messages transmis par le 8º Frame (Huitième courrier France-Amérique effectué dans l'année en cours), et diffusés par les stations rigoureusement déterminées, suivant un plan méticuleux, télescope magique par lequel on suit de quart en quart d'heure la pénétration dans la nuit du Rio-de-Oro.

23 h. 45. « Température eau monte. Position estimée : travers cap Lécrivain. » Cinq hommes se penchent avidement sur des cahiers de veille, relisant ces trois mots « température eau monte » que déjà les puissantes stations répètent.


Minuit. - « Température eau 110 degrés, QTE (Signal du code international - Quel est mon relèvement vrai par rapport à votre station?) »


En France, au Maroc, au Sénégal, des mots d'alerte ont déjà couru le long des téléphones.

Des hommes s'habillent en hâte. Des voitures foncent parmi les noctambules qui, sortant des spectacles, ne se doutent pas que ces chauffeurs pressés vont au secours de cinq hommes en difficulté dans le ciel du Sahara espagnol.

Minuit-dix. « Moteur nous lâche. Atterrissons. »

Un silence éloquent s'étend, le silence oppressé qui, sur tout un quartier du globe, succède à la sinistre cadence du signal de dé-tresse. A Casablanca, Agadir, Cap-Juby, Port-Étienne, des hommes animés d'une même pensée, accomplissent des gestes pareils : à 1 h. 30, les « Laté-26 » de dépannage prévus dans ces escales sont en piste, prêts à décoller.

On n'attend qu'un ordre, que la radio va bientôt lancer, précédé du signal d'extrême urgence.

A 5 h. 30 décolle de Casablanca un Laté-26 piloté par Parizot, un spécialiste du Rio-de-Oro, qui a plus de mille heures de vol de nuit sur la ligne. Il emmène M. Julien, chef de secteur, qui prendra à Juby la direction des opérations éventuelles, et le radio X.

M. Gonin, directeur d'exploitation de la ligne, se trouve à Casablanca, arrivé la veille en inspection.


De Cap Juby, décolle à 6 heures, un Laté-26, le F.A.J.C.F., piloté par Chansel, un dur lui aussi, accompagné du radio Matti, un transfuge de la marine, et de l'interprète maure El Cheik ould Chenguit.


De Port-étienne décolle le chef de centre Baile, vétéran de trente-cinq ans, qui a connu la ligne au temps de Bréguet-14 où les escarmouches avec les Maures faisaient partie du travail de pilote. Le chef de poste Costa, qui fut fait prisonnier par les Chleuhs en 1929, tient le manipulateur. Ils sont accompagnés par un interprète maure du pays R'gueibat.


Ces deux Laté-26 doivent se joindre au petit jour dans les parages du cap Bojador, et battre chacun un secteur de la zone d'atterrissage dont le centre, déterminé par les derniers messages du Frame et les relèvements gonio, se trouve à une quarantaine de milles du cap Bo-jador. Nous devons remplacer à Juby l'appareil de dépannage parti en recherches et nous tenir prêts à toute éventualité.


La radio véhicule des ordres qui sont exécutés avec précision, sans fièvre: c'est une machine soigneusement entretenue qui démarre. De plus, l'équipage de l'avion atterri sait son métier. Gorret, un vieux pilote, plusieurs milliers d'heures de vol sur le Rio-de-Oro, de jour et de nuit, un garçon de trente ans, solide au physique et au moral, taciturne, qui ne s'anime que devant les commandes; il a toujours l'air de ménager son énergie en vue d'aventures nocturnes sur le Rio-de-Oro; il s'est posé plusieurs fois dans le bled dans des circonstances difficiles.


Son compagnon et ami, Frédéric Marret, trente ans, plus de mille heures de nuit sur le Rio-de-Oro, use avec une égale virtuosité du volant de l'avion et de celui de son radiogoniomètre de bord, du manipulateur et du sextant. Musclé et rêveur, c'est en radio la réplique de ce qu'est Gorret en pilote. Il sait ce qu'est l'atterrissage dans le bled et n'ignore rien de la façon de s'en tirer.


Reig, mécanicien pointilleux, toujours muni d'un outillage spécial de sa conception, judicieusement disposé, à portée de la main, suivant les nécessités du moment. Pilote de tourisme, habitué au vol de nuit sur le Sahara, il est d'un grand secours à Gorret pour un atterrissage de nuit.


Leur passager, M. Bourgat, chef du secteur Mauritanie à Dakar, est un « blédard » invétéré qui a connu les débuts de toutes les lignes Latécoère qui devaient devenir par la suite celles de l'Aéropostale, puis celles d'Air-France. M. Bourgat a longtemps commandé les escales de la ligne où il a été en contact étroit, à diverses reprises, avec les guerriers bleus, venus négocier le rachat d'aviateurs prisonniers ou de quelques sacs de courrier. Ils ont avec eux le fidèle interprète Sid Abdallah, un fils des farouches tribus Chleuhs de l'oued Draa. Depuis l'ouverture de la ligne, en 1925, il accompagne les équipages. Il les a tous con-nus, ceux que la gloire et la mort se sont, par la suite, partagés. Une estime réciproque unit Sid Abdallah et les équipages.

Les cinq hommes possèdent chacun à l'extrême limite de perfectionnement possible leurs connaissances professionnelles. Ils ont de commun une résistance morale et physique aiguisée par leur rude existence. Ils sont à la hauteur de toutes les situations.

Pourtant, à huit heures, lundi matin, Frederic Marret n'a pas encore transmis. Une sourde anxiété commence à lézarder le bloc de notre confiance.

Nous arrivons à Agadir à 8 h. 50, toujours sans nouvelles du Frame. Le F. A. J. C. F. de Chansel et Matti commence à fouiller les parages du cap Bojador. Dans le bureau de Félix, le chef de centre, où nous tenons un conciliabule pendant qu'on fait nos pleins, le téléphone sonne sans arrêt : matérialisation locale de l'effervescence qui règne sur la ligne de Paris à Dakar. Tout à coup, au ton tranchant de Félix, à son attitude fébrile, à la brusquerie avec laquelle il saisit crayon et papier, nous identifions l'annonce de nouvelles décisives. Souffle retenu, nous nous penchons anxieusement par dessus son épaule. Il répète mot à mot, en inscrivant :

- Du F.A.J.C.F. à neuf heures sept minutes:


Apercevons Frame. Avion brisé. Voyons pas équipage. Allons essayer atterrir auprès. Je rentre antenne. »


Pas un mot de commentaire.


Nous décollons à 9 h. 37, ayant complété notre équipement saharien et embarqué un interprète chleuh.


A 9 h. 50, s'inscrit dans le silence attentif de londe de 900 le susurrement du F. A. J. C. F.


Signal d'extrême urgence. DDD... Ça veut dire : vies humaines en danger.


« ....Mécanicien Reig tué sur coup laissé sur place avec courrier Stop Avons à bord FAJCF reste équipage Frame et M. Bourgat tous très gravement blessés stop Les débarquons à Juby Stop Chansel demande que convoyage parte d'Agadir pour aller prendre sur lieux accident corps Reig et courrier Stop Position latitude cap Bojador à 20 minutes vol sur azimuts radiogonio Juby 225 Cisneros 32,5. »


Je débite les nouvelles à Parizot sur plusieurs bouts de papier successifs. Dialogue écrit:

  • Ils sont tous blessés, Gorret, Marret, Bourgat, Abdallah.
  • Gravement?
  • Oui.
  • Et Reig?
  • Tué.

A travers mon pare-brise, je vois la boule de cuir qui est la tête de Parizot hocher trois fois. C'est tout.


A 12 heures, Chansel et Matti arrivent à Juby avec leur chargement de blessés. Nous y arrivons à 12 h. 30


Chansel a livré nos camarades blessés au lieutenant Juan de la Guarriga, médecin du camp retranché du cap Juby. Nous les avons vus, nous les avons touchés, ils nous ont ra-conté. Le lieutenant Juan de la Guarriga nous a réconfortés, en français. Un pur élan de solidarité humaine nous a réunis, dix minutes, devant ces quatre lits... Mais les minutes ne nous appartiennent pas: Reig reste, mort, sur Les sacs de courrier, dans l'épave du Frame, à 200 km. dans le Sud, au cœur du pays dissident. Conciliabule. Chansel nous donne tous les détails qui l'ont frappé, M. Julien nous fait d'ultimes recommandations. L'interprète de Chansel, El Cheik ould Chenguit, qui vient avec nous, nous conseille de partir immédiatement pour arriver avant les pillards et les chacals. Nous décollons à 13 h. 45, cap au sud.


Le vent souffle du N.E. frais, ciel pur, mais le sable court au ras du sol. La radio nous porte encore des instructions et des recommandations d'extrême prudence.


A 15 heures, nous recommençons les recherches effectives : dans le coffre arrière, El Cheik, qui a complété son harnachement de guerrier bleu par une paire de lunettes d'aviation, fait à Parizot des signes de main.


Jumelles d'une main et manipulateur de l'autre, j'observe en me faisant relever toutes les cinq minutes par les stations de Juby et Villa-Cinéros. Ma carte se noircit d'indications hâtives. Parizot navigue sur une droite invisible tracée dans l'éther radio-électrique par les gonios qui ont repéré Chansel et Matti le matin, au moment où ils se sont posés près de l'épave. Le vent de N.E. fraîchit, soulevant des tourbillons de sable, le sol devient mou.


A l'horizon, le bleu du ciel est coupé net par une ligne blanche: c'est le vent de sable, qui va atténuer la visibilité et peu à peu manger le sol. Nous descendons pour mieux voir, mais nous diminuons notre champ d'exploration.


Pendant quatre heures, nous battrons le secteur, yeux douloureux qui s'injectent de sang, acharnés à deviner au loin l'anomalie, qui deviendra tache suspecte, puis forme attendue, lui, le Frame écrasé. Nous survolons l'aspect classique saharien, reg, sebkas, oueds desséchés, affleurements de roches brunes, arbustes rabougris. Ce n'est pas le désert : un peu partout, des petites taches verdoyantes, cultures d'orge, blé. Des tentes, des chameaux. A la jumelle, on distingue les hommes voilés, drapés de bleu, mousqueton en bandoulière. Ils lèvent la tête vers nous : les chats observent ainsi le vol des hirondelles. A 16 h. 30, nous coupons l'importante piste qui s'enfonce vers l'Est jusqu'aux solitudes mortes du Tanezrouft. Parizot me la montre de la main et hoche la tête.


Je traduis: «Dans un coin aussi peuplé, peu de chances pour que l'avion ne soit déjà entouré de Maures.» Maintenant, le sable commence à gagner en altitude, le sol est à peine visible. Nous abandonnons les recherches pour aujourd'hui.


Arrivée à Juby, à 17 h. 10. L'état des blessés est incertain, sauf Abdallah, qui a une fracture du crâne.


A 14 heures, était arrivé à Juby, venant d'Agadir, un Potez sanitaire, piloté par le sergent-chef Gendre, avec le lieutenant Tokatzé, chef de mission.


Nous nous précipitons vers l'infirmerie. Le médecin vient à peine de terminer nos trois camarades pour entreprendre une grave opération sur Abdallah. Nous nous penchons sur eux. Ils nous fixent avec de pauvres regards suppliants, essayant de déchiffrer dans nos yeux un reflet de leur état. Nous serrons les dents. Un bon sourire passe sur le visage de Frédéric Marret. Il énonce à haute voix:


- On les reverra, va... !


Parizot est penché sur Gorret. Il happe avidement les détails techniques de l'atterrissage manqué de nuit.


La voix de Bourgat lâche deux mots:


- Et Reig?


Nous baissons la tête.


Tandis que M. Julien et le lieutenant Tokatzé sont en conférence avec le commandant Ascensi, gouverneur du Sahara espagnol, nous nous sommes réunis dans la chambre de Matti ou est disposé un récepteur de fortune. Pendant que Matti coiffé du casque, enregistre l'effervescence de la ligne coupée, Chansel raconte.


D'habitude, Chansel est un jeune gentleman, calme et souriant, qui s'habille avec goût et trouve la vie belle. Mais ce soir, il a la chevelure en bataille, les yeux injectés, la barbe drue, la voix atone. Il s'essaye encore à plaisanter, mais ça sonne faux parce qu'il a du sang sur les manches de sa veste de cuir.


Ils étaient partis le matin avant le lever du jour, mais ils avaient dû faire demi-tour, la visibilité étant trop mauvaise pour entreprendre des recherches. Repartis le jour levé, ils arrivaient vers 8 h. 30 dans les parages du cap Bojador, d'où ils mettaient le cap à l'Est.


Ils naviguaient depuis 30 minutes lorsque Chansel devina à trois kilomètres environ sur la droite la petite anomalie de forme, de teinte, qui pourrait bien être quelque chose, qui fut bientôt une petite colonne gris argenté qu'il prit pour une fumée... une fumée... qui montait d'une tache de forme suspecte, allongée sur le sable clair...: une fumée?... cette colonne immobile argentée... ou bien?... Oui: le Frame allongé sur le sol, couché sur le côte avec son aile droite levée vers le ciel, avion mort, l'avant écrasé. Pas trace de l'équipage.


Tous?... Matti avait remonté son antenne et le FAJCF tournait autour du Frame mort de plus en plus bas. Dernier tour avant de se poser, Chansel voit près de l'épave un homme debout, ensanglanté, tenant à bout de bras un chiffon qui flotte au vent, ce vent dont il a tant besoin de connaître la direction pour atterrir. Boum, boum, boum, ça y est, atterri à vingt mètres de l'épave. Frédéric Marret debout les regarde venir. Il a encore à la main son foulard qui a servi d'indicateur de vent.


Or, nous savons maintenant que Marret a un bras cassé, que l'autre était désarticulé et qu'il se l'est remis lui-même en place par de patientes poussées de l'épaule contre la paroi de l'avion brisé. Comment et où Marret a-t-il trouvé les ressources nécessaires pour tenir son foulard au bout de ses bras cassés?... Gor-ret mis sur ses jambes, avec Abdallah, Bourgat ne peut pas se lever. Tous sont ensanglantés. « Reig... mort », dit Gorret. Il montre la combinaison de cuir couchée au poste de pilotage éventré.


Chansel prend Gorret sous les épaules, Matti soutient Marret. Abdallah, crâne ouvert, suit. Alors commence l'impossible opération, embarquer ces quatre blessés dans le Laté-26 dont le coffre s'ouvre à 2 m. 50 au-dessus du sol. Ils dressent auprès le baril d'eau. Abdallah avec son crâne ouvert, escalade seul, tombe dans le coffre. Marret qui ne veut pas embarquer, est hissé de force sur le baril. Abdallah le tire par le cou pendant que Chansel et Matti le poussent. Il tombe dans le coffre, près d'Abdallah. Au tour de Gorret. Il tombe dans le coffre près des deux autres. Bourgat ne peut pas marcher. Chansel et Matti le portent, le hissent... Il tombe dans le coffre, dernière de ces quatre épaves humaines tassées dans un compartiment à peine plus large qu'un fauteuil... Il n'y a plus de place, ni pour le corps de Reig, ni pour le courrier. Chansel réussit à caser encore les documents de bord du Frame.


Le FAJCF, qui a déjà pris part à plusieurs expéditions de secours dans le Sahara, décolle vers 9 h. 30 avec ses passagers sanglants. Il arrive à Cap Juby vers 12 heures.


Voilà ce qu'a raconté Chansel.


Mardi 27 février, 8 heures. Les deux Laté-26 décollent de Juby: FAJCF, Chansel, Matti et leur interprète chleuh; nous, nous emmenons le Maure El Cheik et un matériel de dé-molition: haches, burins, masses, pour dégager le corps de Reig. Nous faisons route en-semble. A 9 h. 15, nous commençons à rechercher l'épave. Le vent de sable souffle déjà, rendant mauvaise la visibilité. A 10 h. 45, nous n'avons encore rien trouvé. Est-ce que nous allons encore passer dessus sans le voir ?


Soudain, à 10 h. 47, Parizot, tend le bras vers l'horizon. A la jumelle, je reconnais la silhouette familière du Frame, écrasé, avec son aile levée vers le ciel. Je passe la nouvelle, qui instantanément court sur la ligne de Paris à Dakar. Je me tourne vers El Cheik ould Chenguit qui doit, en familier des étendues sahariennes, discerner la présence ou l'absence de ses congénères dissidents. Il pointe le bras vers le sol, à plusieurs reprises. Deja, nous tournons sur l'épave. Parizot examine son terrain. Je fouille à la jumelle des bosquets d'arbustes très touffus à 100 mètres du Frame écrasé. Inutile. Cinquante Maures pourraient être embusqués là dedans sans que nous puissions seulement nous en douter. Seul El Cheik peut discerner un indice. Je me tourne vers lui : il donne des signes de nervosité. Dernier tour très bas au-dessus du Frame, il ne s'est encore rien passé. Nous arrivons, prêts à nous poser. Toujours rien. Mais El Cheik tape violemment sur le métal du fuselage. Trop tard. Nous sommes posés, près de l'épave. J'ai inscrit sans m'en douter l'heure: 10 h. 52.


Après, c'est une suite de réflexes. Nous agissons sous le contrôle de cet instinct qui se substitue au cerveau dans les minutes graves.


El Cheik a crié:


— Moi voir sentinelles; laisse marcher moteur.


Je lui jette mes jumelles, alors qu'il est déjà debout sur le moteur. Parizot, revolver au poing, s'est jeté à corps perdu vers l'épave dans laquelle il redoute la présence des Maures cachés. Je suis sur ses talons, prêt à appuyer son feu. Il s'engouffre par la porte ouverte et en ressort comme j'y arrive: elle est vide. Comme nous en faisons le tour au pas de course, nous enregistrons la vision du courrier répandu, déchiré sur le sable, le Chleuh de Chansel occupé à le ramasser, et nous tombons sur Matti et Chansel, immobiles et têtes baissées encadrant le corps de Reig, allongé, intact, à plat ventre sur le sable, tout nu. Nous nous sommes arrêtés cinq secondes.


— Pauvre vieux, va... a dit quelqu'un. Et d'un même mouvement, nous nous sommes penchés tous les quatre sur le corps de notre camarade, nous l'avons saisi chacun par un membre et porté jusqu'à l'avion de Chansel avec d'inutiles précautions, comme si nous craignions de lui faire du mal; Matti a escaladé le fuselage et hissé à lui cette statue de cire que nous soulagions du sol, l'a installée douillettement sur l'armement saharien, tandis que nous étions debout, immobiles et silencieux, main crispée sur la crosse de nos brownings...


Et Cheik Ould Chenguit, debout sur le capot de notre avion, dédaignant les jumelles, a la main en visière sur les yeux.


— Vite, Maures, venir!


L'interprète chleuh revient en courant avec une brassée de papiers déchirés, le courrier d'Amérique. Nous sautons dans nos appareils respectifs. Chansel décolle en chandelle. Nous le suivons dans un nuage de sable. Il est 11 heures.


L'escarmouche est terminée. Le F.A.J.C.F., devenu convoi funèbre, fait route sur Juby.


Il transmet les dernières nouvelles:


« Avons à bord corps Reig dégagé et dépouillé vêtements par Maures Stop. Courrier pillé et dispersé. »


Nous, à partir du moment où nous avons ramassé six lettres sur les lieux de l'accident, sommes devenus le 8 Frame. Nous reprenons le travail interrompu.


11 h. 52. - Travers baie Reine. Suivons côte. T.V.B.


Le 8 Frame est arrivé à Dakar mercredi à 12 h. 30 : quarante-huit heures de retard.






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